Disparition de Philippe Aigrain, initiateur de « J’accueille l’étranger »

Suite au tragique décès de Philippe Aigrain, survenu brutalement le 11 juillet 2021, voici quelques réactions glanées dans la presse et sur le Net. Nous nous y associons de toute notre peine et de notre reconnaissance et vous incitons à lire les textes qu’il avait rédigés sur notre site. L’esprit de « J’accueille l’étranger » lui survit.

 

Photo : Jérémie Zimmermann

« Présenté comme un spécialiste de la propriété intellectuelle, Philippe Aigrain était aussi bien poète que romancier, chercheur et épris de liberté. [Il] s’était engagé en cofondant La Quadrature du net, organisation de défense des libertés des internautes, mais avait également pris la direction de Publie.net, la maison d’édition numérique fondée par François Bon. » […]

« Pionnier de la lutte pour les libertés numériques, cofondateur de La Quadrature du Net, penseur et écrivain respecté, Philippe Aigrain a été l’un des principaux promoteurs [en France] de la notion de « biens communs« . » […]

– […] « Inlassable défenseur des libertés, Philippe a très tôt compris le risque que le numérique faisait peser sur les libertés individuelles. En créant en 2008 La Quadrature du Net avec Benjamin Sonntag et Jérémie Zimmermann, il a lancé un grand mouvement d’opinion et de plaidoyer. Les évolutions ultérieures de la technopolice partout dans le monde ont validé très largement son intuition. Les techniques de traçage et leur usage tant par les entreprises privées du numérique que par les États et les autres collectivités se renforcent chaque jour. Et c’est bien par une action juridique et politique déterminée que l’on pourra éviter la mise en place d’un nouveau régime de gouvernement appuyé sur une connaissance des activités et des affects de chaque individu. » […]

– « Chaque jour cent fleurs », par Marie Cosnay :

« […] la machine à maltraiter, comme l’écrivait Philippe dans un de ses billets de blog sur Mediapart, nous n’avons pas su l’enrayer à temps. C’est ce que nous pensions, ces derniers mois. Sans que le découragement nous empêche de faire, de faire autrement, là où nous étions, auprès des jeunes gens que nous connaissions, suivant leurs parcours, nous réjouissant de leurs succès. […] Dans ce billet de blog que je cite, à plusieurs titres Philippe est visionnaire. […]

« … nous avons participé à un moment d’hommage au jardin du Luxembourg qui a eu lieu en même temps (voyez la photo en tête de cet article et celle du dessous). Partant de la place Saint-Sulpice, nous avons suivi le même parcours que celui rituellement effectué par publie.net lors du Marché de la poésie. »

« Informaticien et grand humaniste, militant infatigable, chercheur et intellectuel qui aidait à y voir clair dans ces temps troublés, Philippe a fait partie en 2008 des cofondateurs historiques de La Quadrature du Net. Il fut président de l’association de 2013 à 2017. Tout jeune, il avait été actif lors du soulèvement de mai 1968. Il fut ensuite un compagnon de route des radios libres dans les années 1970, avant d’explorer les potentialités démocratiques d’Internet et de devenir un ardent défenseur des logiciels libres et des biens communs. Ces dernières années, il travaillait à l’accueil solidaire des exilés et dirigeait la maison d’édition publie.net, tout en faisant paraître ses poèmes et, plus récemment, son premier roman, intitulé Sœur(s). » […]

  • Le Monde (blog) :

    « Difficile d’imaginer le paysage numérique français sans Philippe. Il manquera dans les combats futurs pour les libertés et pour le partage, mais nombreux sont ceux qu’il a influencés et à travers lesquels il se battra encore longtemps. » […]

« […] il a découvert très tôt l’enjeu des communs, notamment des communs numériques et de la connaissance. Avec son ouvrage Cause commune – L’information entre bien commun et propriété (Fayard, 2005), il fut le premier à réintroduire en France la notion de communs en relation avec le nouveau statut de la connaissance à l’ère des réseaux numériques. Un projet sans cesse à remettre sur le chantier, comme par exemple aujourd’hui autour de la question des brevets sur les vaccins contre le Covid-19. » […]

« Pour celles et ceux qui l’ont croisé ou côtoyé, il fut un regard pétillant, une générosité palpable, une curiosité jamais démentie. Pour celles et ceux qui se sont plongés ces quinze ou vingt dernières années dans l’analyse des mutations sociales et culturelles provoquées par l’avènement d’Internet – et c’étaient en bonne partie les mêmes –, il incarnait une réflexion féconde, que pourraient résumer les titres de deux de ses ouvrages : Cause commune et Sharing (« partage »). Infatigable militant du partage de la culture, penseur des « biens communs » numériques, cofondateur de l’association de défense des libertés La Quadrature du Net, Philippe Aigrain, 71 ans, est décédé dimanche. » […]

« Docteur en informatique, Philippe Aigrain a notamment participé dès les années 1970 à la revue « Interférences« , qui a accompagné le mouvement des radios libres. Vingt ans plus tard, il a travaillé de 1996 à 2003 avec la Commission européenne et y a développé des politiques de soutien aux logiciels libres. […] Philippe Aigrain était aussi un fervent défenseur de la cause des migrants. Il a été l’un des initiateurs de la campagne « J’accueille l’étranger« , qui propose de rendre visible la cause des exilés par le port d’un badge. » […]

Conception : Louise Moulin

« Il avait notamment proposé la contribution créative à l’époque des débats Hadopi. Une solution qui, dans sa rédaction mise sur la table, aurait permis « d’expérimenter les bénéfices de la libération des échanges en termes de diversité culturelle et de rémunération de la création et des acteurs à valeur ajoutée qui y contribuent. » […]

  • Publie.net (maison d’édition qu’il dirigeait depuis 2016)

« Nous avons eu l’immense tristesse d’apprendre le décès dimanche 11 juillet de Philippe Aigrain en montagne. Penseur des communs, chercheur, poète et romancier, co-fondateur notamment de la Quadrature du net, militant incontournable des enjeux du net et du numérique libre, investi dans bon nombre de combats toujours tournés vers l’humain, il dirigeait avec passion et générosité la maison d’édition depuis 2016, à laquelle il consacra une énergie débordante. » […]

« Philippe Aigrain a agi dans de nombreux domaines, tant numériques et politiques que littéraires ou encore associatifs. Il indiquait sur son blog : « Je suis actif dans diverses initiatives politiques, associatives ou scientifiques. Impliqué dans la solidarité avec les exilés, je suis l’un des initiateurs de J’accueille l’étranger qui vise à rendre l’accueil et le soutien à son principe plus visible. J’ai été l’un fondateurs et je suis toujours actif dans La Quadrature du Net association qui […] promeut des propositions assurant la synergie entre les libertés d’échange sur internet et le financement de la création. Je fais partie des fondateurs d’Interdemos, un collectif qui promeut la solidarité entre citoyens des divers pays européens et œuvre à la création progressive d’un demos européen. J’ai été du 11 juin 2014 au 20 octobre 2015 membre de la Commission parlementaire de réflexion et de propositions sur le droit et les libertés à l’âge numérique. » » […]

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On trouvera certains des textes de Philippe sur Remue.net et quelques-unes de ses interventions radio sur France Culture. À propos des communs, voir notamment Vacarme.

Une réflexion sur « Disparition de Philippe Aigrain, initiateur de « J’accueille l’étranger » »

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